Débats et réflexions

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vendredi, janvier 06, 2006

La tentation de l'ultra sécurité

Le gouvernement israélien, estimant impossible de négocier avec l'Autorité Palestinienne, joue le jeu de la main de fer à l'extrême. Afin de se séparer des palestiniens, un mur est construit sur la frontière, et parfois sur les territoires palestiniens. Les points de passage sont rares et gérés par l'armée israélienne. Ce qui provoque multiples désordres, désespoir, pauvreté, et... courroux.

En France, selon un article publié dans le « Monde 2 », nous suivons les Etats-Unis dans leur politique d’enfermement sécuritaire, avec ces résidences emmurés et protégés par un nombre de codes à en oublier son nom, voire ces villes surprotégés avec clôtures électrifiées... Mais l’extrême ne se situe pas aux Etats-Unis. Israël fait figure de grand maître en la matière puisque dans cet Etat il ne s’agit plus de résidences surprotégées, ni de même de villes traitées selon le même politique, mais bien du premier Etat à s’emmurer. En effet, Israël voit, depuis 2002, sur ses frontières, et parfois même des territoires qui ne lui appartiennent pas, se dresser un mur de huit mètres de haut. Avec quelques « check point » (point de passage), contrôlés par l'armée israélienne, pour pouvoir laisser traverser certains habitants, au compte goutte … Ainsi, certains habitants ayant eu la malchance d'être de l'autre côté de la clôture, le mauvais, attendent parfois des heures pour aller là où auparavant, pour s'y rendre, ils mettaient quelques minutes...

Ainsi, plus les jours passent, plus la construction de la "clôture de sécurité" israélienne avance, inexorablement... Car si une condamnation de l’ONU n’a pas arrêté la politique ultra sécuritaire d’Israël, qui le fera ? Demain, d’autres palestiniens verront peut-être un mur de huit mètres de haut traverser leurs petites exploitations agricoles, leurs écoles, leurs terrains de sport... Sans pouvoir faire quoi que ce soit. Car rien ni personne ne freine les bulldozers israéliens et l’armée qui les protège. A part des plaintes devant la justice car, c'est déjà arrivé, une plainte peut aboutir à la modification du tracé de la clôture... Mais à l’arrêter ; certainement pas. Et ces semi victoires sont très rares.

"Comment l'opinion peut-elle manifester contre un système qui les protège d'une mort dramatique dans un attentat ?"

Le constat est implacable : les attentats en Israël ont chuté drastiquement depuis la construction du "mur", commencée peu après l’arrivée de Sharon au pouvoir (le 7 Mars en 2001 quand il présenta son gouvernement à la Knesset, après sa victoire à 62.5% le 6 Février). Bien heureuses sont les familles israéliennes qui se voient protégées. Bien malheureux sont les malchanceux habitants du pays voisin, la Cisjordanie, qui constatent un mur se dresser parfois dans leurs espaces, vitaux pourrait-on rajouter. Ce constat est dramatique car, dès lors qu’Israël se sent libéré de la peur des attentats dans l’enceinte de cette "clôture de sécurité", comment l’opinion peut-elle manifester contre ce système qui les protège d’une mort dramatique ? Du moins à court terme. Car c'est là que se situe fondamentalement le problème de cette politique. Enfermer des gens sans leur laisser la possibilité d'aller à leur travail, de pouvoir avoir accès à leur école, ou encore les empêcher de rejoindre un voisin, engendre forcément la haine puisqu'elle rend impossible la vie à de plus en plus de gens au fur et à mesure que la clôture avance.

La solution pour régler le problème Israélo-palestinien ne se trouve donc forcément pas là. Des négociations sont évidemment préférables, avec le désarmement des groupes terroristes comme préalable à celles-ci. Mais ce genre de politique ne peut être utile que sur le long terme, et avec des discussions avec son (futur) voisin ; la Palestine. Or, les habitants d'Israël veulent du court terme ; arrêter les attentats, tout de suite. Le gouvernement agit en conséquence avec la construction du mur, de plus de manière unilatérale, puisqu’il ne prend aucunement en compte l’avis des dirigeants Palestiniens ; Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne depuis le 9 Janvier 2005, en premier. Ce prétextant un arrêt préalable des attentats. La clôture répond donc au désir d’instantané des Israéliens. Mais les palestiniens, qui attendant toujours la création de leur Etat, ne se satisferont jamais de la situation actuelle. Ces gens furieux sont autant d’âmes facilement influençables, sous la cécité de la colère, pour les prédicateurs terroristes. Israël est donc entré dans un cercle vicieux.

A force de jouer à la politique populiste de l’ultra sécurité, Israël y perdra. Sharon estime engager le pays sur la voie de la paix en aidant à la création d’un Etat Palestinien viable, par exemple avec le désengagement des colonies juives de la bande de Gaza qu’il a ordonné et obtenu contre vents et marrées, même dans son propre camp politique de l’époque ; le Likoud (il a dorénavant créé son propre parti, abandonnant ainsi le Likoud ; le parti Kadima, "en avant" en Hébreu). Même si cet acte est effectivement un pas vers la réalisation d’un Etat Palestinien, il ne justifie pas, en contrepartie, la construction du "mur" pour assurer la sécurité des Israéliens. Le plan internationale de paix aujourd’hui encore en vigueur mais impossible à réaliser ; la "feuille de route", qui prévoit la création d’un Etat Palestinien d’ici 2005 (sic), est condamné par la politique de Sharon. Premièrement parce qu’il agit de manière unilatérale et méprise la plus belle réalisation internationale d’après guerre ; l’Organisation des Nations Unies, deuxièmement car il ne convaincra personne d’avancer vers la paix avec une telle politique, troisièmement parce que l’Histoire nous apprend qu’un certain mur à déjà été construit en Allemagne, et qu’il n’a rien résolu...

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Sujet Ho combien interressant, ce dernier prête à polémique. Je dirai, quoiqu'on en dise, que le mur n'est finalement pas le plus important. Le problème remonte bien plus loin, ce que tu appel la plus belle création d'après guerre, est à l'origine, rappelons le, de la création d'Israël sur des territoires musulmans au plus grand détriment de ces derniers. L'occident se sentant tellement coupable, à offert des territoires qui ne leur appartenait même pas.
De plus, les derniers évenement (majorité du Hamas aux élections) prouvent bien que les palestiniens ne recherchent pas la paix. On ne peut leur imposer, il est dans leur voeux de retrouver ce qu'ils ont perdu. Alors mur ou pas, les tensions se renouent, des voies s'élevent contre le choix démocratique des palestiniens. Le terrorisme est cautionné par tout un peuple. Parlons alors de l'échec grandiose de la démocratie imposée...

2:26 PM  
Blogger ben said...

"Mur ou pas, les tensions se renouent", oui mais cette absurdité qu'est ce mur ne fait qu'exacerber la haine des palestiniens.
Qu'ils ne veulent pas la paix est bien sûr compréhensible, posons nous la question de savoir comment réagirait-on si on nous virait de notre pays pour y mettre des inconnus à la place... Moi sans réfléchir je prends les armes. En réfléchissant j'essaie la solution négociée, mais ça me serait amer...
Alors si en plus on m'enferme et par conséquent on me rend la vie impossible, alors là, je pète un cable, et je serai presque prêt moi aussi à aller me faire péter au milieu de la foule.
En revanche, si je vois que "l'occupant" me cède des contreparties avantageuses, ou plutôt me laisse vivre comme avant, si je peux aller où je veux quand je veux, avoir un travail et ne pas risquer de rentrer le soir et voir un tas de débris à la place de ma maison car les chars Israëliens auront déclaré que c'est une maison de terroristes, ou qui cache des tunnels par lesquels passent des armes, alors dans ce cas je serai en retour moi aussi accomodant. J'accepterai bcp mieux "l'occupant"!
Si on me menace et on me maltraite, je répondrai de la sorte.
Ca ne te parait pas logique?
Le mur n'est peut-etre pas grand chose pour toi, mais je pense que si on le détruisait ce serait non pas une avancée vers la paix, mais au moins un empêchement de nouvelles dégradations relationnelles entre dirigeantrs palestiniens et israëliens. Dans le contexte actuel, ce serait déjà beaucoup.
Avant de guérir, il faut d'abord stopper l'hémoragie.

2:36 AM  

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