Débats et réflexions

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vendredi, janvier 06, 2006

L'élitisme ; ou la gangrène aveugle

Les classes préparatoires françaises sont adulées par tous. A tort. Car si il est indéniable qu'elles offrent une excellente formation, le système de "prépa" est aussi un piège : beaucoup en sortent meurtris du fait du système de classement et des humiliations subies. De plus, certains, immergés en grande profondeur au sein de l'élite étudiante, perdent carrément pied avec la réalité sociale.

"Aucunes sorties, c’est impossible ! Nan il faudra que je travaille tout le temps tous les soirs tous les week-end sinon je n’y arriverai jamais ! Le samedi soir à la rigueur… Mais tu vois en prépa, tu ne peux pas tout faire ; sortir avec des potes, faire du sport, voir son copain… Tu dois choisir ! C’est impossible de tout faire ! En clair tu peux t’octroyer une activité par semaine, pas plus. Le reste tu travailles!".

Vous l’avez compris, ceci n’est pas un extrait de discours prosélyte d’un directeur d’une quelconque classe préparatoire ayant pour but de recruter (d’enrôler ?) des élèves dans son établissement, mais tout simplement le témoignage d’une future élève de classe préparatoire. Et pourtant, cette élève l’a choisie d’elle-même. Elle va suer sang et eau pendant 2 ans, au mieux, ou 3 ans, au pire, sans jamais ou presque avoir une vie normale à côté du travail, et pourtant oui, elle l’a choisie d’elle-même.

Encore le fait de suer sang et eau est un fait en lui-même non reprochable, « on n’a rien sans rien » comme on dit. Et surtout, libre à chacun de travailler tant qu’il le veut! (Sans eux, comment les chômeurs vivraient-ils ?). En revanche, ce que je trouve anormal, voire carrément abusé (pour être clair), c’est l’empêchement, pire ; l’interdiction d’avoir une vie autre qu’une vie de travail pendant 2 ans ! 2 ans ! Carrément abusé aussi parce qu’on aboutit à une classe jeune (18-22 ans environ) complètement déphasé. Dans cette classe, qui formera l’élite française plus tard, on trouve des jeunes qui ne conçoivent plus que quelqu’un ne sache pas lire en France, qui ne comprennent plus comment quelqu’un peut avoir un travail qui ne l’intéresse que relativement peu (traduisez ; seul le gain d’argent vivrier l’intéresse), qui se considèrent eux-mêmes comme l’élite, et de surcroît, ce qui est pire, considérés aussi comme l’élite par les autres ! Un monde parallèle presque...

"Dans cette classe, qui formera l'élite française pus tard, sont présents des élèves qui ne conçoivent pas qu'une personne ne sache pas lire"

On pourrait caricaturer la situation comme étant la suivante ; dans la société, il y a le monde d’un côté ; les étudiants les travailleurs les bébés les femmes les hommes les chômeurs les artistes les noirs les blancs etc., et les classes préparatoires de l’autre ! En bref, un groupe certainement pas dans la réalité.
On entend beaucoup dire que la vie étudiante est l’occasion d’un épanouissement sans précédent, sans suite non plus d’ailleurs. J’aimerai savoir comment les classes préparatoires s’épanouissent en travaillant de manière continue pendant 2 ans ? Encore, avant, il y a quand même quelques années, les classes préparatoires se faisaient en une année, une seule. Là, encore ça peut passer. Une année de fou et puis basta. Mais là, non. Deux ans c’est trop… (voir 3 ans pour les malchanceux).

Mon père me disait souvent à propos de ma paresse chronique ; "dans la vie, il y a un moment pour les distractions et un moment pour le travail." C’est exact. Dans mes jours de très grande forme, le travail durait quelques dizaines de minutes et puis c’était les « distractions ». Je reconnais que mon emploi du temps était fort déséquilibré et que le grand vainqueur était la « distraction » ! Néanmoins il l’était beaucoup moins que les classes prépas. Vous savez pourquoi ? Les études du quelqu’un qui commence par une classe préparatoire se passent de la façon suivante : 2 ans (ou 3) de travail acharné, de travail continu, puis 2 ou 3 ans d’école, et là, "distractions" continues…

C’est comme si on travaillait 60 heures par semaine (bah quoi vous savez pas vous que les salariés français veulent travailler plus ?!) pendant deux ans de façon strictement continue et seulement ensuite, on prendrait 2 ans de vacances ! Ca me fait penser au système à la japonaise sur lequel j’ai tant appris grâce à mon cher frère. Là bas, les jeunes travaillent d'arrache pied pendant le collège-lycée puis pendant les études supérieures, ils se déchaînent totalement… Pour ceux qui y arrivent vivant. Parce que c’est au Japon qu’il y a un des taux de suicide le plus élevé au monde chez les jeunes...

Est ce que quelqu’un va oser dire que c’est une coïncidence ?

Je pense que la vie c’est varier les plaisirs, pas forcément avoir une vie parfaitement équilibré, mais à peu près, au moins… En tout cas certainement pas la vie séparé en deux gros paquets : le travail, puis la détente. Vous vous rappelez quand vous étiez petits, vous avez sûrement du vous demander si vous ne pouviez pas dormir l’équivalent d’une vie de sommeil d’un coup, ainsi vous seriez libre pour le reste de votre vie…Moi je me le suis demandé parce que ça me gavait d’aller dormir. Ce système me fait penser à ce rêve puéril. Comme quoi, y’a vraiment de grands enfants !!!

La vie par paquets, pour moi, c’est une vie sans saveurs, une vie grise, une vie morne.

Qui a dit les extrêmes ont toujours tort ?

Parce que l’élitisme gâche une jeunesse tant convoité par beaucoup d’autres, parce qu’il ne force le respect naïf que des autres, parce que l’élitisme est (presque) comme la dépendance de drogues ; on l’attrape par souci d’identité, par souci d’affirmation, je n’adhère pas, et je rejette même ouvertement ce système illusionniste ; un vrai piège de renard. Une sorte de "gangrène aveugle".

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Impréssionnant...
J ai une vue beaucoup plus nuancé sur la chose. Le système des classes préparatoire n'est autre que de l'abbatage intellectuel à la chaîne, il est vrai. Mais ce dernier doit permettre la selection des "meilleurs" pour les élites de la république. Système élitiste par excellence il laisse beaucoup de gens hors course. Mais au vu des brillants résultats de l'université française, est ce vraiment pire ?
M'est avis que le système est à revoir en profondeur, et surtout il serait temps de réagir et d'arrêter de se laisser impréssionner aux moindres mouvements nos chers syndicats empechant ainsi toute réforme concrète des études supérieures en France ...

11:31 AM  
Blogger ben said...

Je suis à 100% d'accord sur la remarque sur les syndicats. D'autant plus que leurs faits d'armes à chaques propositions leurs nuient à eux-même... On ne peut pas les prendre au serieux... Ou plutôt, on ne peut plus!

En revanche sur les prépas, c'est à dire sur le sujet du texte, (qd mm !) je suis en désaccord ac toi.
Tu l'as compris, pour moi les calsses prépas sont une idiotie, pour forcer le trait... Disons que leur fonctionnement pose problème.
Toi qui parle de "nuancer" les chose ; un système qui concentre les "meilleurs" dans des petites classes suraidées fiancièrement (avec tout ce qui en découle ; bons profs, bon matos, bonnes structures...) et qui laissent tous les autres, la grande majorité, (universités, BTS, IUT-DUT...) perdante, c'est normal, c'est nuancé pour toi?

On aide les "bons", on laisse les "mauvais"... Bien sûr la rélaité n'est pas ainsi. Mais ça me fait penser un petit peu à ça quand même...

12:06 PM  
Anonymous Anonyme said...

'L'élitisme ; ou la gangrène aveugle ' , c'est copyright flambi man /

www.flambi.tk

6:37 PM  

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