Débats et réflexions

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samedi, avril 01, 2006

L'effet clignotant des médias

Les médias façonnent notre vision du monde. Cette vision est victime d'une grave altération. Ce du fait que nous recevons l'information par à-coups. Dans ce cas, avoir une idée claire et précise sur un sujet relève de la gageure puisque rare sont ceux suivis sur le long terme.

Le 17 mars 2006, dans les bureaux de "France Inter" à Paris, une scène plutôt inhabituelle a eu lieu : 60 jeunes de la Seine Saint-Denis ont pris place dans ces lieux. Ce afin de répondre à l'invitation qu'on leur a faite ; raconter leurs vécus en direct, toute la journée. Les bureaux de la radio étant situés dans le quartier très huppé dit de "la maison de la radio", situé dans le non moins cossu 16ème arrondissement, l'arrivée de ces jeunes, issus du département qui a le plus fort taux de chômage et de RMI de l'Ile-de-France, a dû en étonner plus d'un. Espérons que ces jeunes ont immortalisé le moment passé dans ces prestigieux bureaux car ils ne sont pas près d'y retourner.

Donner la parole aux jeunes, c’est très bien si il y a un réel suivi sur le long terme, si on se préoccupe vraiment d’eux dans un souci, encore une fois, continu, non pas décousu. Les faire parler pour faire sensation puis les relâcher dans leurs oubliettes, c’est stupide et honteux.

Les exemples de ce genre sont légion. La crise des banlieues françaises (octobre/novembre 2005) en est un autre : gros coup de projecteur pendant que les voitures brûlaient, puis quand le feu s’est éteint, on éteint les projecteurs et on s’en va. La banlieue dite difficile rentrait, encore une fois, sagement dans l’ombre, jusqu’à la prochaine émeute... Mais comme nombre de personnes avisées l’ont souligné ; si les caméras sont parties, le mal être, lui, est resté.

Autre scoop ; paraît-il un journaliste peu connu va remplacer Patrick Poivre D’Arvor cet été au journal télévisé. Jusqu’ici rien d’extraordinaire. Mais voilà la perle : ce journaliste peu connu est noir, oui, noir ! On a tellement insisté sur le fait que cet homme soit noir qu’on a complètement passé sous silence son talent, ce qui n’est guère un compliment... On exploite son potentiel pour exploser l’audimat. Surveillez bien l’après passage de cet homme, il faudra certainement bien fouiller pour entendre parler de lui quelque part...

"Aujourd'hui, les informations doivent plaire, voire distraire. Le sensationnel prend donc le pas sur l'information pure et dure"

Ces quelques exemples représentent nos médias ; soumis à la dictature de l'audimat. Par conséquent, l’information est sans suivi, hachée, décousue, disloquée, car traitant presque exclusivement l'instantané. Ce mode de fonctionnement est cependant indépendant de la volonté des journalistes qui sont, malheureusement, victimes de la concurrence accrue et, semble-t-il, du désintérêt croissant pour la presse. Ainsi, certains médias, surtout la presse quotidienne, voient leur lectorat s'effriter. Or celui-ci est la première source de revenu de la presse. Ils sont donc contraints et forcés de fonctionner ainsi. Les informations doivent plaire, voire distraire. Le sensationnel prend donc le pas sur l'information pure et dure ; un même sujet ne devant pas être traité trop longuement, au risque d'ennuyer.

Partant de cette analyse, nous sommes tous les victimes car tributaires des médias capricieux. Nous, la population avide de nouvelles, recevons l’information par à-coups et par conséquent, nous sommes dans l’impossibilité de nous faire une idée précise et constante de l’actualité.

La grippe aviaire (pénétrant en France le 17 février 2005) qui avait fait tant de gros titres et avait donné libre expression à tant d'"experts", a disparu des radars médiatiques, au profit du CPE (contrat première embauche). Conséquence immédiate : évaporation de la psychose nationale. Pourtant, si le poulet demeurait toujours constamment en cage, et donc dans l'impossibilité de voler, le sujet dans les médias, lui, avait bien pris son envol.

De même, la terre a tremblé au Pakistan (8 octobre 2005), un déchaînement médiatique s'en est suivi. Puis quand le calme est revenu, disparition totale, le Pakistan était introuvable, que ce soit dans les journaux, à la radio, ou à la télévision. Conséquence (cette fois-ci négative) immédiate : les dons indispensables se sont, en majorité, arrêtés. La conclusion est la même que pour la grippe aviaire : si la terre s'était arrêtée de trembler, les survivants, eux, tremblaient toujours de froid dans un hiver pakistanais glacial. Et malgré cela, le sujet avait presque totalement disparu des médias.

Le monde entier est plongé dans l’obscurité la plus complète. Les médias ont le devoir de nous l'éclairer. Mais l'effet clignotant provoque le fait suivant : parfois des zones de lumières apparaissent, tous les yeux se tournent alors vers cette lumière. Puis quand on en rallume une autre, on éteint la précédente. Et le sujet disparaît vite des mémoires.
Malgré cela, d'heureuses initiatives voient parfois le jour. Un sujet, vieux de quelques mois, voire quelques années, réapparaît parfois le temps d'un retour en arrière explicatif et d'une analyse du présent. Ce souvent à l'occasion d'anniversaire d'un fait suivi lors de son éclosion. Mais elles restent rares, ces initiatives, sauf pour les évènements porteurs d'audimat, type 11 septembre. En dépit de cette rareté, cela reste tout de même une bonne chose dans un milieu où l'exhibition a pris le pas sur la réflexion.

7 Comments:

Blogger André D. D. said...

1 point pour Benji, il a bien raison sur ce sujet. Mais je rajouterai que l'effet clignotant n'est pas le seul.

Explication : Acheter le Figaro puis acheter Libération. Trouver un article sur le même sujet : le lire.
Ho surprise, on y apprend pas les mêmes choses Bizzare non ? ...

Ce que je veux dire par là, c'est que l'information nous arrive par accoup et qui plus est, elle nous est gentiment hacher et prédigerer...
Enfin, après c'est une question de gout ...

5:12 PM  
Blogger ben said...

Certes. Mais les journaux d'opinions, est-ce un crime ? Surtout quand ils le sont ouvertement... Car je sais que tu aimes ça ! :-)

1:19 PM  
Blogger André D. D. said...

Mouai, la plupart s'éstiment tout de même "objectifs" ...

1:46 PM  
Blogger ben said...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

3:51 PM  
Blogger ben said...

Tu vois le Figaro annoncer fièrement : "nous sommes axés à droite!"
Ca ne ferait peut-être pas serieux...

De plus, je déteste qu'on classe les journaux "de droite" ou "de gauche", je pense que ceux qui disent ça (dont toi) ne font que répéter ce qu'ils ont lu et/ou ce qu'on leur a dit à ce propos.

D'ailleurs, bizarrement, on ne fustige que les journaux dont on ne partage pas la (soi-disant) orientation politique... (je parle de toi avec libé ou le monde par exemple... Parait-il ils sont marqués à gauche. Je t'avoue que je meurs d'envie que tu me montres la preuve formelle de ce dire ô combien hypothétique...)

3:55 PM  
Anonymous Anonyme said...

La seule solution pour se forger un avis construit est de multiplier ses sources d'information. Et ne pas oublier de jeter un oeil à la presse étrangère qui traite notre actualité de manière moins subjective.

En ce qui concerne Libé, je suis d'accord avec benji, tu répète sûrement ce que l'on t'a dit. Car si, il y a 20 ans et plus, Libé était vraiment "tourné à gauche"; la tendance a changé depuis. Libé est certes resté un journal d''idées, d'opinion (et heureusement), mais il n'est plus figé dans une idéologie politique. C'est un journal que je qualifirais de "neutre"; attention pas "centriste"! C'est ce que j'aime d'ailleurs quand je parcours ses colonnes. J'y lis les idées des rédacteurs et non pas celles des politiciens.
Si on devait vraiment le ranger dans un tirroir, ce serait celui du socialisme libéral: un sage compromis pour la péreinité de la démocratie.
Le temps des journaux politiques est révolu! On ne crée plus un journal pour soutenir un homme politique, comme L'Express pour P. Mendès-France autrefois. La création est maintenant le fruit des besoins, des envies des lecteurs. Et les journaux qui "marchent" ne sont plus les mêmes. Les quotidiens ne se lisent plus (sauf l'Equipe...), les hebdommadaires peinent; par contre les magazines "de société", la presse spécialisée,... se multiplient jusu'à ne plus finir.
Nous assistons à la vulgarisation de la presse.
C'est un nouvel age pour la presse: après l'age d'or, l'age de plastique!

7:55 AM  
Blogger André D. D. said...

L'ami anonyme relis toi :"C'est un journal que je qualifirais de "neutre", ensuite "ce serait celui du socialisme libéral".
Chez moi (je peux me tromper), le socialisme libéral ca se rapproche tout de même de la pensée du parti socialiste ;)

12:43 AM  

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