Débats et réflexions

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mercredi, novembre 22, 2006

Envers et contre peu : l'espoir Royal

Ségolène plébiscitée. Pas vraiment une surprise. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Voie gagnante pour le Parti socialiste ou descente en enfer "populiste" ? Renouveau bénéfique ou horreur honteuse pour la démocratie Française ? Envers et contre peu, Royal suscite un indéniable espoir puisque elle pratique avec talent au moins une chose, une chose sans quoi rien n'est possible : ramener les Français vers la politique.

61%. Score digne de sa majesté. Les militants ont donc déroulé le tapis rouge à notre Ségolène nationale. La candidate aime le peuple et celui-ci lui a bien rendu : elle fut majoritaire dans nombre de provinces… Quasiment toutes en fait, mis à part quelques fiefs « fabiuisiens » ou « strauss-khaniens » totalement obsolètes. Seul (presque) Paris lui a résisté : première certes, mais pas de majorité absolue. Mais cette fédération ne compte évidemment pas ; il y a longtemps que Paris a quitté la planète du peuple… (cf vote sur la constitution européenne).

Un vote... populaire donc. La situation du Parti Socialiste (post-16 novembre) en particulier, et celle de la présidentielle en général, est donc un petit plus éclairée. Néanmoins, côté PS, l’obscurité domine largement… Peut-être presque plus qu’avant. Ségolène a gagné certes, on sait dorénavant qui Sarkozy ou Le Pen affrontera au second tour, certes. Manque le principal : quelles sont les idées de Royal ? Où se situe-t-elle politiquement ? A la marge du PS des éléphants et des dogmes, certes. En phase avec les électeurs ? Point d’interrogation… Avec les sympathisants socialistes ? Probablement… Avec les militants ? Evidemment.

Mais les chiffres sont bien trop réducteurs. 61%, c’est presque un plébiscite. Mais cela cache nombre de choses... Quelle est la psychologie d’un militant socialiste ? Elire celle (oui, celle) qui est le plus à même de « battre la droite ». Quelle est la conséquence de cette psychologie ? Le vote utile. Le vote Royal. En politique, le jeu démocratique peut avoir des conséquences perverses : le talent, les idées, le sérieux, la rigueur, la franchise deviennent souvent de vilains défauts…

Corollaire de cette psychologie : la candidate la plus gagnante potentiellement face à la droite, ici Royal, est choisie. Et au diable les idées, le talent, le sérieux etc. « Battre la droite » c’est un but louable pour un parti de gauche. Le seul problème (mais de taille), c’est que ça ne sert à rien pour la France. Les politiques ont-ils oublié qu’ils ne font pas un match de tennis mais qu’ils concourent pour l’amélioration de la vie des Français (politique intérieure) et de la place de la France dans le monde (politique extérieure) ? Apparemment…

Cela dit, le statut de la plus forte, au moins au niveau de la popularité, face à Nicolas Sarkozy n’empêche pas mécaniquement la présidente de Poitou-Charentes d’avoir de la consistance politique. Toutes les critiques ont été faites sur Royal envers son dilettantisme caché, planqué, noyé, couvert par sa forte popularité. Ces tirs tous azimuts sont des charges aussi inutiles que profondément stupides. Ségolène Royal ne dit rien ? Elle a en tout cas indéniablement compris le désir de participation accrue des Français aux décisions politiques.

Un candidat peut avoir d’excellentes idées, s’il n’est pas populaire, le jeu démocratique se chargera de réduire au silence ses projets. La popularité d’abord donc, et les idées ensuite ? C’est donner une piètre image de la politique en démocratie. La raison voudrait en effet que les projets priment et qu’ensuite les Français décident, en fonction de ceux-ci. Mais la fracture qui séparent population et les « aristocrates élus », selon la formule du politologue Guy Hermet, est telle que les idées et projets n’ont plus d’emprise sur le choix du vote. Dorénavant il faut quelque chose qui dépasse les propositions politiques habituelles.

Les concepts. Des concepts qui ont pour but premier de ramener les Français à la politique. C’est en effet la base de toute volonté politique, puisque le pouvoir de celui-ci, et d’abord sa légitimité, émane de la décision populaire via le vote. Si pas de vote, pas de légitimité, pas de pouvoir et donc pas d’action possible, même avec toute la volonté possible. C’est précisément ce qui se passe actuellement.

Il n’y a donc aucune raison de tirer à boulets rouge sur Royal, sinon qu’elle plaît… Mais cela à l’air d’être une tradition bien Française que d’assassiner qui peut porter un quelconque espoir. Ségolène Royal a été élue par les militants de son camp, elle en tire une indéniable légitimité pour représenter celui-ci en 2007. Avant de critiquer à l’acide chlorhydrique, écoutons ce qu’a à dire Royal. Et surtout laissons-la faire ce que pour l’instant elle fait de mieux : ramener les Français vers la politique. C’est un premier pas indispensable, ce premier pas sans quoi rien n’est possible.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Tu vas etre decu, mais pour une fois je suis entierement d'accord avec toi, et donc je n'ai pas de polemique particuliere a mettre sur le tapis. Hormis le fait que le phenomene Royal est un grand point d'interrogation et que ce qui va en sortir l'est plus encore; va t'elle se bananer "royalement" contre Sarko ou va t'elle surprendre une fois de plus? Ce qui est sur, c'est que les lignes sont en train de bouger et que desormais, pour le meilleur ou pour le pire, rien ne sera plus jamais comme avant.

5:11 PM  

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