Débats et réflexions

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mercredi, décembre 20, 2006

Sir, no sir !

Le rapport Baker Hamilton est un pavé, non, une véritable comète jetée dans la mare de Bush junior. Que va-t-il se passer dans la tête du président de la première puissance militaire mondiale ? L'ONU est née de l'après horreur, après 1945. Que va-t-il naître de l'après Irak ? Tirera-t-on les leçons en se fédérant pour un effort salutaire en vue de la paix mondiale ?

La question était solennelle, inévitable, cruelle. "Pensez-vous que nous sommes en train de gagner la guerre en Irak ?". La réponse, enfin véridique, tomba comme une sentence : "No sir".

La scène se déroule pendant l'audition de membres de la commission Baker Hamilton, interrogés par des parlementaires américains. Lesdits membres ont récemment rendu public un rapport qui, s'il n'est pas sûr d'être suivi, fera sans aucun doute date. Le contenu est en effet diamétralement opposé à la stratégie Bush. Retour progressif et rapide (dès 2008) des boys, offensive diplomatique via un dialogue avec la Syrie et l'Iran, intégration des sunnites, minoritaires en Irak, au gouvernement Irakien (composé de Kurdes et de chiites).

Que ces recommandations soient concrétisées ou non, il y aura un après-Irak. L'inconnu est quand. Que sortira-t-il de cette guerre ? La guerre en elle-même, on le sait depuis longtemps, est un désastre. Un désastre tous azimuts. Destruction de nombre d'infrastructures vitales du pays (alimentation en eau notamment), guerre civile engagée, attentats quotidiens, forces de sécurité (police et armée) infiltrées par des groupes religieux radicaux, haine viscérale (mais logique) des Américains et des Etats-Unis.

Cette dernière conséquence de la guerre est sans conteste la plus grave. Les maisons, les tuyauteries, les routes se réparent avec des dollars et quelques mois. La haine, elle, ne faiblit pas avec des dollars et surtout pas en quelques mois. Les mentalités sont ce qui évoluent le plus lentement. Cette haine risque fort de se transmettre de génération en génération, renforçant ainsi son caractère viscéral. Il n'y a donc que le temps pour soigner cette fracture provoquée entre musulmans, dont beaucoup sont rassemblés autour de leur aversion des Etats-Unis, et Américains en particulier, occidentaux en général.

"Nous pouvons agir positivement sur le futur, en agissant sur les faits : éviter ce désastre une nouvelle fois. Comment ? En réformant l'ONU"

Mais si nous ne pouvons accélérer le temps pour panser au plus vite cette plaie béante, si nous ne pouvons modifier les mentalités, nous pouvons agir sur les faits. Koffi Annan avait qualifié, en 2003, cette guerre d' "illégale". A raison. Elle était en effet refusée par la majorité des Etats membres de l'ONU. Si la guerre d'Irak, deuxième du nom après celle de 1991, est un désastre qu'il faut gérer au mieux, c'est-à-dire éviter qu'il y ait pire au pire présent, nous pouvons agir positivement sur le futur : éviter cela une nouvelle fois. En agissant sur les faits : avec par exemple une réforme profonde de l'ONU dans son ensemble (conseil de sécurité compris, et même avant tout), laquelle empêcherait une nouvelle catastrophe.

"Plus jamais ça". La promesse formulée après 1914-18 était pourtant sincère. Mais la SDN (société des Nations) fut trop fragile pour résister, notamment, aux volontés impérialistes allemande. L'ONU, SDN bis, montre par les faits qu'elle est plus forte, plus résistante, plus efficace. Nombre de conflits ont essaimé après 1945, mais pas de guerre mondiale.

On peut arguer qu'une guerre mondiale n'est plus possible en raison de l'imbrication toujours croissante des économies, devenant ainsi interdépendantes, et en raison de la dissuasion nucléaire, notamment. Certes. Mais si les conflits post-1945 ont eu et ont le bon goût de n'être pas mondiaux, ils font surtout, et c'est un corollaire, éminemment moins de morts.

ONU ou pas, un meilleur futur, un futur de paix, passe par un renforcement du multilatéralisme, c'est-à-dire un accroissement de la fédération des Etats, autant que faire se peut, autour de principes, de valeurs, de conventions, de règles, voire d'axiomes... Lesquels se font jour après les erreurs, tels la seconde guerre d'Irak.

Le monde ne va peut-être pas si mal. Si chaque erreur, même si ce principe est cruel puisque lesdites erreurs se traduisent par des milliers de morts, est analysée, le monde ne peut qu'aller vers le progrès. Mais pour tendre vers cela, il est nécessaire d'établir un dialogue mondial continu, un multilatéralisme affirmé et respecté, des réformes, aujourd'hui de l'ONU, demain de la nouvelle plateforme du dialogue mondial. Si nous voulons une paix pérenne, peut-on prendre un autre chemin ? A n'en pas douter, "No sir."

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

C'est bien que tu dises qu'il faut reformer l'ONU, mais comment et pour quoi faire? Parce qu'en l'occurence, le probleme n'etait pas tant le fonctionnement de l'ONU que le fait qu'un de ses Etats membres ait deliberement decide de se soustraire a son verdict pour mener sa guerre en solo. Or, toutes les reformes du monde n'apporteront pas la solution a ce probleme; qu'advient-il si un Etat, fut-il fort ou faible, decide de passer outre les volontes du "machin"? Quelles sont ses pouvoirs de sanction? l'Irak nous a donne la reponse: nuls.

La solution, je suis d'accord, va toujours vers davantage d'integration a des organismes supranationaux. C'est le seul moyen pour que ces organismes deviennent autre chose que des machins. Mais cela passe aussi par des moyens coercitifs reels accordes a ces organismes; et la, c'est une autre paire de manches. Car qui accepte de deleguer ne serait-ce qu'une partie de sa souverainete? On voit deja au niveau europeen que c'est fort complique, alors au niveau mondial...le pire etant qu'on ne peut pas systematiquement donner tort aux Etats qui s'y refusent; qui nous prouve qu'un organisme supranational aura forcement plus de clairvoyance, fut-ce seulement sur des questions de securite? Tout depend de la facon dont il est gouverne, de son fonctionnement institutionnel, des membres qui le composent et de la facon dont ils sont nommes ou elus...et la vision de ce genre de choses varie largement selon les coins du globe. Alors que la federation soit l'avenir, je veux bien, mais le chantier est bien plus gigantesque que tu ne sembles le sous-entendre et il y a encore (tres) loin de la coupe aux levres. Car en somme, la question est la suivante: qui peut avoir reellement autorite et legitimite pour gerer les affaires du monde? Si tu consideres que chacun a une reponse differente a cette question, tu peux egalement considerer que contrairement a ce qui est affirme partout, les nations ont encore de beaux jours devant elles;le jour ou des organismes supranationaux auront une autorite et surtout une credibilite suffisantes pour convaincre chacun d'aller par-dela ses interets ou nevroses est encore loin. On s'y dirige certes, inexorablement, mais c'est encore tres loin. Et m'est avis qu'on y arrivera pas sans une certain degre de coercition...la vie est dure.

2:25 PM  
Blogger ben said...

Plus de miultilatéralisme, oui. Comment ? Là n'était pas le sujet. Et surtout l'humilité, l'honêteté plutôt, m'oblige à répondre que je ne suis pas qualifié pour expliquer comment réformer l'ONU dans le détail...

Un dose de coercition ? Evidemment, là encore, sujet consensuel à priori puisque le thème relève du bon sens. L'homme est un loup pour l'homme. Nous avons tous besoin de barrières. Alors au niveau intenational, où se joue les luttes pr dominer le monde, et ceci n'est pas une caricature ni une blague, nous avons d'autant plus besoin de barrières à la mesure de nos ambitions, de nos envies, qui peuvent nous conduire à des folies.

Comment imposer cette coercition ? Evidemment là c'est très difficile. Le problème est bien résumé, l'intégralité des Etats acceptera-t-il déléléguer de sa souveraineté ? Chimère bien sûr. Est-ce d'ailleurs souhaitable ? Pas sûr...

Car comme tu le résumes encore mieux, que prouve qu'un organisme supranational soit plus clairvoyant que les Etats eux-mêmes ?

De toute façon, l'ONU n'a pas été créé dans ce but, le but de mettre tous les Etats à égalité. il a été créé pour concourir la paix, mais aussi, officieusement bien sûr, pour laisser comme telle la situation d'après geurre. Les vainqueurs de la qseconde guerre mondiale sont précisément les membres permanents du conseil de sécurité. Or ledit conseil, lui, n'est pas un "machin" comme invectivait De Gaulle, puisqu'il a les moyens d'une coercition.

Mais cette coercition va dans le sens des vainqueurs de 1945 vers les autres Etats. Bien sûr les Etats-Unis, malgré l'ONU, malgré le conseil de sécurité, ont pu agir à leur guise, ils ne sont pas fous jusqu'à se tirer une balle dans le pied et s'auto-condamner à l'ONU. Surtout que le réprésentant pr les Etats-Unis à l'ONU n'était autre à l'époque que John Bolton, très proche de Bush... Tous ça n'est que logique.

Il faut donc bousculer cete logique. Une piste : réformer le conseil de sécurité. Celui-ci n'a plus de sens. Les 5 membres permanants ne représentent plus les grandes puissances du monde. Dans cette optique, il faudrait l'élargir. Cela poserait alors le pb de bon fonctionnement et de la prise de décision, plus ardue quand on est plus nbreux.

Mais au-delà, c'est peut-être ce concept de conseil de sécurité qu'il faudrait abolir. Car quel est le sens d'une institution qui se veut universelle et qui est dominée par les 5 grands d'il y a 60 ans ? Là encore, dasn le détail, je ne saurai dire comment, mais la piste, partant du constat pbmatique, est là...

Dernière chose ; est-ce être dangereusement naïf que de compter, un tant soi peu, sur la sagesse des Etats ? Au moins la majorité, qui à eux tous pourraient contrer, en cas de pb, le comportement d'un Etat ?

Cette piste est évocable dans le sens où la coeriction est effectivement une chimère, et ou la clairvoyance n'est pas forcément du côté d'un organisme supranational. Et surout dans le sens où il ne faut pas oublier le rôle premier que doit avoir cette plateforme de dialogue mondial : concourir à la paix mondial, de façon pérenne.

1:19 PM  

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