Débats et réflexions

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mercredi, janvier 31, 2007

Texânerie

Jamais deux sans trois ? Bush et son équipe, jamais à cours de bonnes idées, envisageraient très sérieusement d’attaquer l’Iran, via des frappes aériennes ciblées, fin mars au plus tard. La date n’a rien à voir avec le printemps : l’expiration du délai accordé par le conseil de sécurité de l’ONU à l’Iran, pour que soient interrompus ses activités d’enrichissement d’uranium, tombe fin février. Si l’Iran n’a toujours pas obéi à l’injonction onusienne à ce jour, l’aviation américaine prendra du service…

Une folie. Acte I : 2001, l’Afghanistan. Invasion, éviction du régime Taliban, 5 ans de relative paix, et vient, doucement mais sûrement, la résurgence des Talibans… Acte II : 2003, l’Irak. Invasion, Saddam tombe, est fait prisonnier, un procès démarre, ainsi que la mise en place d’institutions "démocratiques". Et là aussi doucement mais sûrement, le chaos s’installe… Acte III : 2007, l’Iran. Eventuelles frappes aériennes sur les sites nucléaires iraniens. La suite ? La vengeance de l’Iran s’exprimera de façons multiples : un chaos encore plus redoutable en Irak, compte tenu notamment de la capacité de nuisance qu’à l’Iran dans le pays, via la communauté chiite, qui regroupe 90% des musulmans d’Iran. Une crise pétrolière avec l’arrêt d’approvisionnement de l’Occident par l’Iran, des frappes sur Israël, considéré comme un suppôt des Etats-Unis par Ahmadinejad, une image des Etats-Unis, déjà cataclysmique, de nouveau dégradée dans le monde musulman.

Une erreur gravissime. La violence, surtout inter-Etats, doit être maniée avec la plus grande prudence. En un mot, elle doit être totalement proscrite. Sauf, évidemment, en cas de force majeure. Il y en a eu, par le passé, mais aujourd’hui, il n’y en a pas. A tout le moins, on peut concédé sans mal qu’un Iran nucléarisé militairement est effectivement une menace pour la paix mondiale. Mais on peut également affirmer sans ambages qu’une action militaire ne résoudra nullement le problème. Dans ce type de situation, la force n’est utile quand elle n’est que menace, car toutes les supputations, chez l’ennemi, sont alors possibles, alimentant la peur, subséquemment, provoquant la défection. Mais quand la force est utilisée de manière irréfléchie, et qu’elle n’est pas efficace (cf Irak), les menaces éventuelles s’évaporent. La pyramide de la dissuasion s’écroule : plus de menaces crédibles, plus de peur chez l’ennemi, plus de défections…

"La force n’est utile quand elle n’est que menace"

Une stupidité sans nom. Premièrement, les échecs douloureusement patents de l’acte I et l’acte II de sa "guerre contre le terrorisme" et malgré de nombreux conseils avisés (rapport Baker-Hamilton, fronde des généraux américains, ONU…) n’ont pas convaincu Bush d’emprunter une autre voie. Deuxièmement, quand bien même les Etats-Unis détruiraient les sites nucléaires iranien, le savoir-faire, lui, restera, l’échéance sera donc simplement repoussée. Troisièmement, alors que Bush justifie sa nouvelle croisade contre l’Iran par le fait que la République Islamique soit dirigée par un intégriste religieux, il est lui-même de cette nature puisque, rappelons-le, la guerre en Irak était en partie justifiée par des considérations messianiques de sa part, à savoir que les Etats-Unis avaient pour rôle de civiliser le monde…

Cette technique globale de Bush est totalement contre-productive. Il voulait débarrasser le régime Taliban d’Afghanistan et enrayer le terrorisme ? Il a obtenu l’essaimage d’Al-Qaida en de multiples petits groupes éparpillés dans autant de pays, rendant l’organisation beaucoup plus ardue à contrer, à fortiori à neutraliser. Il voulait imposer paix et démocratie en Irak ? Il a reçu en retour une guerre civile et un gouvernement retranché dans une zone ultra fortifiée (la fameuse "zone verte") au cœur de Bagdad, incapable de gouverner. Il veut interrompre le programme nucléraire iranien ? Il récoltera crise pétrolière, chaos renforcé en Irak, frappes sur Israël...

Bush et son équipe laisseront derrière eux un Moyen-Orient furieusement embrasé, conséquence d'une politique étrangère digne d'un pompier pyromane, mais beaucoup plus pyromane que pompier. Au vu de cet héritage, Bush ne laissera pas de courant, pas de "Bushisme", puisque les courants sont réservés aux grands de ce monde. Il laissera néanmoins une trace terminologique, sémantique, un vrai néologisme : pour faire court, pour désigner l'Irak, l'Afghanistan, l'Iran, mais aussi la Somalie, on regroupera en un mot toutes les monumentales âneries du Texan : Texânerie.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Mega culpa! je viens de m'apercevoir que j'ai involontairement ecrit mon commentaire dans les reactions a l'article d'en dessous....mets-le ici et vire celui-la;-)

10:55 AM  

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