Débats et réflexions

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jeudi, mai 03, 2007

Fantasmes : les souillures de 2007

Nous sommes à la veille du 6 mai 2007, Jacques Chirac est dans les cartons, Sarkozy et Royal préparent leurs derniers meetings. Si cette élection a tout de sain, participation élevée, extrêmes en chute, un vent nauséabond s’est malgré tout glissé dans le débat : Sarkozy serait dangereux, et partant, il n’est plus l’homme à battre, mais le loup à abattre…

Faut-il que l’élection présidentielle soit un non choix ? En 2002, quand le président sortant Chirac était opposé à Le Pen, ce fut le cas. Si les Français avaient le choix dans la pratique, car deux bulletins étaient bien présents dans les urnes, ils ne l’avaient pas du point de vu de l’éthique et de la responsabilité.


Nous sommes en 2007. PS et UMP sont au second tour, les deux formations ont obtenu de bons résultats au 1er tour, les deux candidats ont débattu publiquement. La majorité s’accorde pour affirmer que 2007 est une belle présidentielle, et pas seulement grâce à Royal. Un taux de participation dont on peut être fier, un recul des extrêmes des deux bords dont on doit tout autant être satisfait, et un débat final plutôt riche.


Que de bonnes nouvelles donc ? Que de bonnes bases pour, une fois dans l’isoloir, choisir, vraiment choisir, entre deux possibilités crédibles ? Oui, assurément. Et pourtant. Un vent nauséabond circule en France, sur Internet, entre amis, dans les cafés, au sein des cercles militants. Il circule, et nous prévient : un des deux candidats est… dangereux.


Les deux formations dit de « gouvernement », c’est-à-dire aptes à gouverner, sont au 2nd tour, et pourtant, d’après ce vent nauséabond, nous n’avons pas le choix. Etrange assertion. Nicolas Sarkozy serait dangereux. Le fantasme : oui, c’est bien lui, d’après ce qui circule, qui contrôle tous les médias, ou à tout le moins les grands groupes de presse. Le fantasme continue : oui, c’est bien lui qui enverra les militaires Français en Iran avec les Etats-Unis (ou sans, soyons fous jusqu’au bout) pour contrer l’ambition nucléaire de la République islamique. Le fantasme toujours : oui, c’est bien lui qui chargera moult charters d’immigrés pour les reconduire vers leurs pays respectifs.


La vérité : Sarkozy a bien des amis qui sont patrons de grands groupe de presse, Martin Bouygues (TF1) et Arnaud Lagardère (Europe 1, Europe 2, RFM, le journal du dimanche, Paris Match etc.) en tête. Ce qui ne valide pas les soupçons à son endroit de contrôle exacerbé de la presse. Pour prendre le dernier exemple qui a fait scandale, le débat Royal-Bayrou où il y aurait eu des « pressions » de Sarkozy pour que ce débat n’ait pas lieu, les journalistes de la presse quotidienne régionale et de Canal + ont formellement démenti : aucune sorte de pression.


"Il est aisée, voire glorifiant de voter Royal, alors qu’il est très difficile, voire honteux de voter Sarkozy."


La vérité : Nicolas Sarkozy s’est rendu aux Etats-Unis pour discuter avec Bush et affirmer que la France est un pays ami des Etats-Unis. Il a ajouté que le refus d’aller en Irak de la part de la France était formulé de façon arrogante, que la France pouvait contester les décisions des Etats-Unis sans suffisance. Enfin, il a affirmé qu’Israël doit être protégé du nucléaire iranien, dont le président Ahmadinejad souhaite « rayer Israël de la carte ». Jamais, de près ou de loin, Sarkozy a soutenu une intervention militaire en Iran, que Bush souhaite effectivement en cas d’escalade.


La vérité : Nicolas Sarkozy a effectivement affirmé que certains immigrés en situation illégale retourneront dans leurs pays d’origine. Il n’a jamais affirmé que tous les immigrés seront renvoyés chez eux. Il faut ici, de plus, dissocier rhétorique des faits : le discours est effet véhément concernant les immigrés sans papiers, mais les préfectures continuent de régulariser ceux qui remplissent les critères de régularisation. Non, donc, tous les immigrés ne rentreront pas chez eux si Sarkozy est président, car il y a des réalités, loin des fantasmes.


Il ne s’agit pas ici de faire campagne pour Nicolas Sarkozy, il s’agit de rétablir la vérité. A quelle fin ? Que la démocratie Française soit saine. Tous ces fantasmes basés sur des mensonges ou exagérations nuisent assurément à notre démocratie. Faire peur, imposer un choix, et pire, fustiger ceux qui votent Sarkozy est une ineptie d’ampleur inédite. Il est aisée, voire glorifiant de voter Royal, alors qu’il est très difficile, voire honteux de voter Sarkozy.


Non, ce n’est pas normal et c’est nuisible. Nuisible à la démocratie car beaucoup d’électeurs ne peuvent que très difficilement s’exprimer, mais également nuisible au PS et à tous ceux qui crient au loup, car cela décrédibilise totalement ceux-ci. Se contentant de fantasmes, de peurs, de pressions sur les électeurs Sarkozy, ils en oublient leur projet, leurs idées, le programme de leur candidate. Pourtant, un Président doit être élu sur précisément un projet pour la France.


C’est donc une attitude dommageable pour tous, la démocratie, réduite à un référendum là où il y a un choix, les électeurs de Royal, décrédibilisés, les électeurs de Sarkozy, contraints au mutisme. Le président sortant appellerait ça une fracture sociale… entre électeurs.

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

D'accord sur le cote totalement contre-productif du "TSS" et sur le fait que les socialos aient apres tout bien merite leur defaite a force de ne se baser que sur cela ou presque (elle est aussi due a l'etat de quasi-implosion du PS qui semble se confirmer ces derniers jours); en revanche, dire que "Il est aisé, voire glorifiant de voter Royal, alors qu’il est très difficile, voire honteux de voter Sarkozy" releve de l'absurdite la plus totale. A te lire, on croirait que tu parles de Le Pen et de ses electeurs qui se sentent obliges de se planquer! Franchement, tu as vu beaucoup de honte ou de reticence exprimees a voter Sarko pendant la campagne, toi? Il faudrait que tu nous dises ou alors, parce que pour ma part, ca m'a echappe....des meetings de l'UMP (comme les autres) bondes, des sondages le placant en tete des le depart et ce continuellement jusqu'a la fin: c'est pas precisement ce qu'on appelle un vote honteux ou non declare...qu'ont ait tente de le diaboliser de maniere largement excessive et surtout pas bien maligne est une chose, que ses electeurs se soient rertouves confines dans la honte par cette diabolisation dont on a justement vu qu'elle n'a pas pris en est une autre. Entre diabolisation et victimisation, il y a un pas que tu as un peu trop vite franchi copain:-(

1:47 PM  
Anonymous Anonyme said...

This is great info to know.

11:20 PM  

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