Débats et réflexions

Bienvenue. Les articles de ce blog sont classés en deux catégories : une première traitant directement l'actualité (débat) et une deuxième concernant les articles traitant de sujets plus intemporels (réflexion). Le but étant de vous faire réagir, n'hésitez pas à mettre un commentaire sur les articles qui vous intéressent.

lundi, mai 14, 2007

Ces émeutes qui font pschitt : la raison gagnante

Ils nous avaient promis des émeutes, il y eut des quelques voitures brûlées. Ils nous avaient juré l'enfer, il y eut quelques mouvements d'excités. Ils nous avaient annoncé une vengeance impitoyable, il y eut un blocage de fac vite maîtrisée. Le mouvement protestataire contre Sarkozy est un échec, en amont (campagne de diabolisation) et en aval (protestations post élection). Excellente nouvelle !

Un "épiphénomène", un "mouvement minuscule", un "allumage de mèche qui n'a pas pris". Les adjectifs ne manquent pas dans la bouche des économistes, politologues, et même syndicats. Et font jour de la vérité : le mouvement contestataire anti Sarkozy post élection a fait pschitt, pour reprendre un mot célèbre de l'ex Président Chirac.

Voilà une excellente nouvelle. Car cela rend un échec cinglant aux Cassandre, voire aux crieurs au loup, ceux qui annonçaient l'apocalypse en cas d'élection de Sarkozy. Un Sarkozy fasciste, raciste comme Hitler, contrôlant les médias comme Berlusconi, concevant le pouvoir comme Poutine.

Le vent de haine n'a pas pris. Cette infime minorité que tout la France regarde avec stupéfaction, voire peur, mais parfois également avec mépris, passe pour une majorité en raison de leur capacité à faire (seulement) beaucoup de bruit. Tellement de bruit qu'ils en oublient une chose fondamentale, un fait qui portera toujours leurs projets en échec : les gens ne sont pas des benêts, suivistes stupides, triplés d'écervelés.

"Certains, passablement énervés par ces évènements, se disent qu'il faudrait que cette France paye. Il vaut mieux, à coup sûr, jouer l'apaisement"

Cette campagne de diabolisation infâme de Sarkozy n'a pas pris. Ils ont pourtant attaqué sur tous les fronts, pris les pires comparaisons, cité les pires exemples historiques. Et pourtant. M. Sarkozy a été élu, en se payant le luxe de mettre une raclée au PS, lequel a surfé sur cette vague de diabolisation.

Mais ces animaux féroces sont aussi tenaces. Nouvelle création émanant de la "lutte" : la grève préventive. Certains étudiants (ou non étudiants), encore un fois représentant une infime minorité, ont bloqué la fac de Tolbiac, à Paris. Là encore, la mayonnaise haineuse n'a pas prise.

Que de soulagements ! Certains, passablement énervés par ces évènements, se disent qu'il faudrait que cette France (répétons-le, bruyante mais extrêmement minoritaire) paye, apprenne à respecter la démocratie, revienne à la raison. Mais le pays n'a pas besoin de cela. Il vaut mieux à coup sûr jouer l'apaisement. Pour rassembler, autant que faire se peut, le pays.

Ces perturbateurs ont incontestablement pris une douche froide le 6 mai à 20h. Pourtant, ils sont encore à l'état de braise ardente. Le feu de la haine est conséquent, épais, difficile à éteindre. Encore, donc, une douche froide ? Souhaitable pour calmer ces (mauvaises et dangereuses) passions, mais avec jet doux, pas au Kärcher.

jeudi, mai 03, 2007

Fantasmes : les souillures de 2007

Nous sommes à la veille du 6 mai 2007, Jacques Chirac est dans les cartons, Sarkozy et Royal préparent leurs derniers meetings. Si cette élection a tout de sain, participation élevée, extrêmes en chute, un vent nauséabond s’est malgré tout glissé dans le débat : Sarkozy serait dangereux, et partant, il n’est plus l’homme à battre, mais le loup à abattre…

Faut-il que l’élection présidentielle soit un non choix ? En 2002, quand le président sortant Chirac était opposé à Le Pen, ce fut le cas. Si les Français avaient le choix dans la pratique, car deux bulletins étaient bien présents dans les urnes, ils ne l’avaient pas du point de vu de l’éthique et de la responsabilité.


Nous sommes en 2007. PS et UMP sont au second tour, les deux formations ont obtenu de bons résultats au 1er tour, les deux candidats ont débattu publiquement. La majorité s’accorde pour affirmer que 2007 est une belle présidentielle, et pas seulement grâce à Royal. Un taux de participation dont on peut être fier, un recul des extrêmes des deux bords dont on doit tout autant être satisfait, et un débat final plutôt riche.


Que de bonnes nouvelles donc ? Que de bonnes bases pour, une fois dans l’isoloir, choisir, vraiment choisir, entre deux possibilités crédibles ? Oui, assurément. Et pourtant. Un vent nauséabond circule en France, sur Internet, entre amis, dans les cafés, au sein des cercles militants. Il circule, et nous prévient : un des deux candidats est… dangereux.


Les deux formations dit de « gouvernement », c’est-à-dire aptes à gouverner, sont au 2nd tour, et pourtant, d’après ce vent nauséabond, nous n’avons pas le choix. Etrange assertion. Nicolas Sarkozy serait dangereux. Le fantasme : oui, c’est bien lui, d’après ce qui circule, qui contrôle tous les médias, ou à tout le moins les grands groupes de presse. Le fantasme continue : oui, c’est bien lui qui enverra les militaires Français en Iran avec les Etats-Unis (ou sans, soyons fous jusqu’au bout) pour contrer l’ambition nucléaire de la République islamique. Le fantasme toujours : oui, c’est bien lui qui chargera moult charters d’immigrés pour les reconduire vers leurs pays respectifs.


La vérité : Sarkozy a bien des amis qui sont patrons de grands groupe de presse, Martin Bouygues (TF1) et Arnaud Lagardère (Europe 1, Europe 2, RFM, le journal du dimanche, Paris Match etc.) en tête. Ce qui ne valide pas les soupçons à son endroit de contrôle exacerbé de la presse. Pour prendre le dernier exemple qui a fait scandale, le débat Royal-Bayrou où il y aurait eu des « pressions » de Sarkozy pour que ce débat n’ait pas lieu, les journalistes de la presse quotidienne régionale et de Canal + ont formellement démenti : aucune sorte de pression.


"Il est aisée, voire glorifiant de voter Royal, alors qu’il est très difficile, voire honteux de voter Sarkozy."


La vérité : Nicolas Sarkozy s’est rendu aux Etats-Unis pour discuter avec Bush et affirmer que la France est un pays ami des Etats-Unis. Il a ajouté que le refus d’aller en Irak de la part de la France était formulé de façon arrogante, que la France pouvait contester les décisions des Etats-Unis sans suffisance. Enfin, il a affirmé qu’Israël doit être protégé du nucléaire iranien, dont le président Ahmadinejad souhaite « rayer Israël de la carte ». Jamais, de près ou de loin, Sarkozy a soutenu une intervention militaire en Iran, que Bush souhaite effectivement en cas d’escalade.


La vérité : Nicolas Sarkozy a effectivement affirmé que certains immigrés en situation illégale retourneront dans leurs pays d’origine. Il n’a jamais affirmé que tous les immigrés seront renvoyés chez eux. Il faut ici, de plus, dissocier rhétorique des faits : le discours est effet véhément concernant les immigrés sans papiers, mais les préfectures continuent de régulariser ceux qui remplissent les critères de régularisation. Non, donc, tous les immigrés ne rentreront pas chez eux si Sarkozy est président, car il y a des réalités, loin des fantasmes.


Il ne s’agit pas ici de faire campagne pour Nicolas Sarkozy, il s’agit de rétablir la vérité. A quelle fin ? Que la démocratie Française soit saine. Tous ces fantasmes basés sur des mensonges ou exagérations nuisent assurément à notre démocratie. Faire peur, imposer un choix, et pire, fustiger ceux qui votent Sarkozy est une ineptie d’ampleur inédite. Il est aisée, voire glorifiant de voter Royal, alors qu’il est très difficile, voire honteux de voter Sarkozy.


Non, ce n’est pas normal et c’est nuisible. Nuisible à la démocratie car beaucoup d’électeurs ne peuvent que très difficilement s’exprimer, mais également nuisible au PS et à tous ceux qui crient au loup, car cela décrédibilise totalement ceux-ci. Se contentant de fantasmes, de peurs, de pressions sur les électeurs Sarkozy, ils en oublient leur projet, leurs idées, le programme de leur candidate. Pourtant, un Président doit être élu sur précisément un projet pour la France.


C’est donc une attitude dommageable pour tous, la démocratie, réduite à un référendum là où il y a un choix, les électeurs de Royal, décrédibilisés, les électeurs de Sarkozy, contraints au mutisme. Le président sortant appellerait ça une fracture sociale… entre électeurs.